dimanche 30 décembre 2007

La déviation consommée

« Henri Laborit (1914-1995) : la déviation consommée »

L’homme libre ne désire rien tant que d’être paternalisé, protégé par le nombre, l’élu ou l’homme providentiel, l’institution, par des lois qui ne sont établies que par la structure sociale de dominance et pour sa protection.

Le thème dans lequel j’interviens et qui concerne « l’autonomisation du scientifique », convient particulièrement à la figure scientifique telle qu’elle est incarnée en quelque-sorte par Henri Laborit. J’espère parvenir à vous en convaincre et cela à plusieurs niveaux.
Il s’agit tout d’abord d’une autonomie comme place « unique », « à part », marginale, parmi les scientifiques français, autonomie vis-à-vis de sa propre communauté, qui n’est pas tant celle des scientifiques que celle de sa hiérarchie militaire, dans un premier temps du moins.
Autonomie scientifique par l’outil de recherche qu’il met en place en 1958 : le CEPEBEPE, une start-up avant l’heure, ainsi qu’une revue : « Agressologie ». Autonomie financière également : dans la mesure où le mode de financement du CEPEBEPE est entièrement original. Le laboratoire d’Henri Laborit est géré sous le régime de la loi 1901, il est financé par les royalties de l’exploitation des brevets déposés par Laborit à l’étranger principalement. Autonomie scientifique et théorique enfin, dans la mesure où Laborit développe une théorie générale de la cellule au comportement humain, en rompant avec certains concepts de la médecine, de la chirurgie et de la physiologie de son époque et en ayant recours systématiquement à diverses disciplines, notamment à la cybernétique.

Autonomie ou marginalité ?

Henri Laborit (1914-1995) occupe une place marginale parmi les scientifiques d’après-guerre, et ce phénomène ne va pas cesser de s’affirmer tout-au-long de sa carrière. Laborit est surtout connu pour ses ouvrages de vulgarisation qui se vendent d’ailleurs toujours très bien (L’éloge de la fuite ...). Il a participé à un film célèbre : Mon Oncle d’Amérique d’Alain Resnais (prix spécial du jury à Cannes en 1981), il est adulé par les uns et détesté par d’autres. Mais revenons à sa formation. Laborit est chirurgien de la Marine, il débute ses travaux de recherche pendant la guerre, à l’insu de sa hiérarchie, sur le choc traumatique et la maladie postopératoire. Il travaille sur le choc en utilisant des produits mis au point par les laboratoires Specia, filiale de Rhône-Poulenc. Il met au point avec une autre figure de frondeur, Pierre Huguenard, un certain nombre de techniques qui vont tour à tour bouleverser l’anesthésie et empêcher l’issue souvent fatale du choc traumatique et de la maladie postopératoire. Il s’agit des cocktails lytiques, de l’anesthésie sans anesthésiques, de l’hibernation artificielle, de l’emploi de curare de synthèse en obstétrique, de la stabilisation du système nerveux végétatif (aujourd’hui périphérique) et enfin, du premier médicament de la folie : le 4560 RP ou Chlorpromazine, mis sur le marché par Specia en 1952 sous le nom de Largactil (large action). Ces techniques, il les développe seul puis au Val de Grâce, où il est le seul marin parmi les médecins militaires de l’Armée de Terre. Paradoxalement, c’est au moment où Laborit connaît le succès avec la découverte des effets centraux d’un stabilisateur végétatif, qui « révolutionne » la psychiatrie, qu’une rupture s’opère, que « la déviation » qui débute selon les termes mêmes de Laborit en 1949, lorsqu’il se forme avec Pierre Morand à la biochimie pour étudier le choc, que cette déviation est « consommée » dans la mesure où les évènements qui y sont liés vont déterminer la suite entière de sa carrière scientifique et ce qui nous paraît être une autonomie « forcée ». Forcée parce que basée sur une rupture avec toute forme de hiérarchie : militaire d’abord, même si Laborit reste militaire toute sa vie. Vis-à-vis de la communauté scientifique française, ensuite.

Pas de prix Nobel pour la Chlorpromazine

Cette découverte ou « trouvaille » selon les termes de Pierre Deniker, qui inaugure la psychopharmacologie et bouleverse le sort des psychotiques, ne fait cependant pas l’objet d’un Nobel, on peut s’en étonner, alors même que la mise au point des antihistaminiques dont la Chlorpromazine est issue, récompense du Nobel Daniel Bovet en 1957. Bien que proposé au Nobel, Laborit obtient le prix Albert Lasker (le petit Nobel américain), qu’il partage avec Pierre Deniker, psychiatre de l’Hôpital Sainte-Anne et Heinz Lehmann qui introduit le produit aux Etats-Unis. La paternité de la Chlorpromazine va susciter une polémique. En 1975, pour les 20 ans de la CPZ Deniker intitule son article « Qui a inventé le premier neuroleptique ? », cette polémique est relayée dans l’historiographie sur ce médicament.
Plusieurs ouvrages établissent pourtant un lien de paternité entre Laborit et la CPZ, comme ceux de Swasey et Caldwell . Laborit perdra cependant très rapidement après la mise sur le marché de la CPZ, la plupart de ses soutiens et est mis à l’écart. Paradoxalement, cette découverte marque le début d’une levée de boucliers du milieu scientifique français à l’égard de Laborit, contrairement à la presse et aux milieux scientifiques étrangers. En 1953, Laborit démissionne de l’Académie de chirurgie à la suite de violentes attaques dont il fait l’objet à sa tribune. Seul René Leriche, qui préface son ouvrage Réaction organique à l’agression et choc , le soutien et déclare : « Je suis attristé de voir la haine qui accompagne les exposés de M. Laborit. (...) Il a une qualité que peu d’entre nous possèdent : l’imagination » . Ses détracteurs l’attaquent également sur la technique d’hibernation artificielle, comme Philippe Decourt et Georges Tardieu . La démarche expérimentale de Laborit est également critiquée, on l’accuse de traiter ses patients comme des cobayes. Dans son ouvrage d’entretiens avec Fabrice Rouleau, Laborit interprète ce rejet : « en 1954, j’étais devenu gênant parce-que j’avais pris de l’importance sans néanmoins le statut social qui m’y autorisait. Je n’avais que des parchemins militaires sans valeur aux yeux de ce qui constituait l’aristocratie de la médecine française » . A cela s’ajoutent des articles de la presse généraliste qui simplifient au risque de les discréditer, les techniques comme l’hibernation artificielle. Par exemple : « les blessés sont congelés avant d’être opérés », « par le gel, on arrache une jeune fille à la mort », « l’homme qui mourut deux fois ». Cette technique intrigue autant qu’elle effraie le milieu médical de l’époque et s’ajoute à la polémique sur la paternité de la Chlorpromazine.






Autonomie ou solitude du « découvreur » ?

On peut s’interroger sur la position de Specia face au rejet de Laborit. Dans un ouvrage célébrant le 40° anniversaire de la CPZ , la contribution de Laborit n’est citée que dans le domaine de l’anesthésie et de manière très brève dans l’introduction. Ce fait est étonnant alors que le dossier d’AMM du Largactil est basé entièrement sur les travaux de Laborit et Huguenard et que le laboratoire confie à Laborit la direction scientifique d’un film sur l’anesthésie potentialisée et l’hibernation artificielle réalisé en 1953. De plus, Specia intervient dans le financement du laboratoire de Laborit en 1958 et lui facilitera ensuite ses déplacements à l’étranger. Ce phénomène de rejet de la paternité de la CPZ et cette relégation des travaux de Laborit au seul domaine de l’anesthésie nous interroge sur le statut du découvreur. Le Largactil est mis sur le marché avec des indications aussi vastes que floues, comme en témoigne sa publicité professionnelle, le produit fait très rapidement l’objet de ce que nous appelons une « réappropriation » par la psychiatrie de l’époque qui s’invente avec ce produit une légitimité scientifique et médicale et inaugure une psychiatrie dite « biologique » dont le seul instrument, et l’on s’en rend compte particulièrement aujourd’hui, est le médicament . Également, et ceci est au cœur de notre argumentation : ce rejet que Laborit interprète comme un rejet de son statut et de ses diplômes militaires, Laborit n’est pas chirurgien des hôpitaux de Paris mais chirurgien de la Navale, il met en place déjà au Val-de-Grâce un réseau « hybride » qui implique à la fois son laboratoire militaire et des hôpitaux civils, est aussi un facteur de double exclusion de la communauté scientifique civile puis militaire. Bien plus, ces phénomènes d’appartenance communautaire et cette lutte des « pouvoirs » scientifiques et sociaux en général, Laborit ne va plus cesser de les interroger dans ses théories et dans ses ouvrages de vulgarisation, dont il débute la publication au moment même où il fonde son propre laboratoire.

Une start-up avant l’heure

A partir de 1958, Laborit ne travaille plus au Val de Grâce mais dans son propre laboratoire : le CEPBEPE (laboratoire d’eutonobiologie) aménagé dans un grenier de l’hôpital Boucicaut, tout en dirigeant le CERB : un laboratoire de l’armée à Toulon, où il rencontre Camille Georges Wermuth qui va devenir son chimiste pharmacologue qui y effectue alors son service militaire. La mise en place de ces deux laboratoires est un tournant dans la carrière de Laborit. Même s’il ne dirige le CERB que deux ans avec Pierre Morand, ce passage est important car il voit à la fois la mise en place de sa méthode de recherche et celle d’une revue indépendante : Agressologie, dont Masson assure la distribution. Le comité scientifique de la revue est constitué avec le carnet d’adresses de Laborit qui prend la tête de l’équipe éditoriale. Pierre Huguenard qui a démissionné de son poste de rédacteur en chef d’Anesthésie Réanimation, à la suite d’un désaccord avec Marcel Talheimer, président de la Société des anesthésistes, est rédacteur en chef de la nouvelle revue et P. Déligné, pilier de l’hôpital Vaugirard, devient le secrétaire de rédaction. Un tirage au sort désignera plus tard Bernard Weber comme éditorialiste. Laborit reviendra sur la fondation de cette revue : « dans presque toutes les villes de faculté un certain nombre d’anesthésistes, séduits par l’orientation biologique et pharmacologique que j’avais donné à l’anesthésie et à la réanimation, constituaient une sorte d’école en rupture de ban avec celle qui faisait du conformisme sa fierté (...). Je proposai alors à Huguenard de créer une revue et de donner deux numéros par an de celle-ci aux anesthésistes « progressistes ». Ce fut ainsi que naquit Agressologie dans le but en partie, de fournir un moyen d’expression à une fraction importante, et non la moins active, de l’anesthésiologie française ».
L’armée met à la disposition de Laborit des jeunes chercheurs ce qui lui permet de démarrer rapidement des recherches importantes et de diffuser ses conceptions originales. A la fin des années 1950, les rapports avec Jaulmes son supérieur au Val-de-Grâce se dégradent à la suite des polémiques suscitées par ses travaux en anesthésie et la découverte de la CPZ. Laborit fonce, trouve que Jaulmes est trop prudent. Laborit s’adresse au Pr. Brugnard pour être engagé à l’INH, celui-ci est prêt à le faire si Laborit dispose de son propre laboratoire. Au même moment Laborit reçoit une proposition de poste d’enseignant-chercheur d’un laboratoire Suisse, proposition dont il s’ouvre à Thaleimer, chirurgien à Boucicaut. Thaleimer, qui a de l’influence, lui propose de construire son laboratoire au-dessus de son bloc opératoire dans le grenier de l’hôpital, en créant une association loi 1901 à but non lucratif et en demandant des fonds à Specia pour la construction des locaux (70-80 millions des francs de l’époque). Le projet est accepté et le CEPBEP est inauguré en 1959, il deviendra le CEPEBEPE en fusionnant avec le CERB en 1962, baptisé laboratoire d’eutonologie par Canguilhem. « Son argumentation fut que j’essayais de maintenir un équilibre biologique normal, un tonus normal (...) ainsi Eutonos et logos répondaient à toutes les exigences linguistiques et sémantiques ». Dans le fonctionnement de ces deux laboratoires, on trouve une double volonté de Laborit : établir des liens entre la recherche civile et militaire, marquer son indépendance vis-à-vis des institutions scientifiques qui le rejettent, et montrer par l’abondance de ses découvertes que celle de la CPZ n’est ni usurpée, ni accidentelle.

Un mode de fonctionnement original et... autonome

Laborit engage deux médecins du contingent : J.M Jouany et Bernard Weber pour travailler avec lui après leur service militaire. Il les initie à sa méthode de recherche interdisciplinaire et entreprend des recherches sur le milieu cellulaire qui les conduisent à la découverte des propriétés antifatigue des aspartates, attirant des laboratoires pharmaceutiques comme DEBAT qui obtient une licence sur les sels potassiques et magnésiens de l’acide aspartique. Un des amis pharmacologue de Laborit le Pr. Carlo, négocie le brevet des aspartates aux Etats-Unis pour le laboratoire Wyeth dont les royalties permettent le fonctionnement du laboratoire et assurent les salaires des collaborateurs civils de Laborit. Celui-ci mène ensuite des recherches sur les radicaux libres, initiés au CERB à Toulon, puis repris expérimentalement au GERS (Groupe de Recherche Sous-marine de Toulon). Bernard Weber décrit le fonctionnement du laboratoire de Laborit : « le CEPBEPE comment ça marche : un escalier à vis, une salle, trois marches, une autre pièce, une grande pièce au-dessus des blocs. On passe à travers un couloir, à gauche, le bureau de Laborit avec sa secrétaire qui va travailler là pendant 10 ans. La pièce centrale est un carrefour, elle est équipée d’un tableau noir où tout se passe, ça discute ferme autour du tableau ». Au départ, « il n’y avait pas de niveaux d’organisation mais après oui, ainsi qu’une animalerie Laborit qui est un lecteur acharné, récupère toujours des choses de partout, se penche sur ses comptes-rendus d’articles. Il lit énormément, fait une synthèse, son résumé à lui » . Il publie sur les radicaux libres et les antioxydants de 1958 à 1964. Au cours d’un symposium à New London, il fait la connaissance de Hans Selye qui a déjà influencé son travail sur le choc et qui va déterminer à nouveau ses travaux sur le comportement cette fois. Laborit oriente ses travaux sur le GABA : gamma aminobutyrique pour mettre au point un GABA qui passerait la barrière hématoencéphalique et mesurer son action dans le cerveau. Laborit et son équipe synthétisent le GABA OH doué d’un important effet hypnogène dont il présente la première publication au Collège International de psychopharmacologie en 1961. Ce qui frappe, outre l’aspect prolifique des recherches menées au CEPEBEPE et les nombreux brevets déposés à l’étranger (par l’intermédiaire du cabinet Beau de Loménie), c’est l’organisation même de la recherche au sein du laboratoire. Laborit s’entoure d’une équipe jeune, pluridisciplinaire, il accueille de nombreux étudiants étrangers. Il choisit des médecins et des pharmaciens issus de spécialités différentes : chimie biologique, physique, symptomatologie et physiologie, qui travaille dans un espace si réduit qu’il les force à communiquer. Laborit est entouré de chercheurs de grande qualité comme Camille Georges Wermuth, un des chimistes qui a le plus de synthèses à son actif, et qui met au point la plupart des produits du CEPEBEPE dont les brevets commencent tous par les lettres AG et AGR pour agression. Wermuth synthétise entre autre la Pyridazine qui se révèle être un analgésique original : l’Ag 246. Il s’agit d’un psychotrope anticonvulsivant, anti-inflammatoire et antiparkinsonien qui sera développé par les laboratoires Egic. Il mettra également au point le Cantor : la Minaprine ou Agr 1240 qui présente des similitudes avec les familles des phénothiazines dont est issue la CPZ et le premier antidépresseur : l’Imipramine.

La recherche en niveaux d’organisation

Parler de recherches interdisciplinaires dans le cas de Laborit n’est pas un vain mot, le biologiste conçoit la vie en niveaux d’organisation de la molécule au cosmos, sans discontinuité. Laborit est membre de sociétés très variées : thérapeutique, pharmacodynamique, gynécologique, anesthésique, chirurgicale thoracique et cardiaque, neurologique, cybernétique, systémique, environnementale, psychiatrique, comme en témoigne la liste impressionnante de ses titres. Cette conception est appliquée de manière concrète à Boucicaut. Les régulations cybernétiques en particulier jouent un rôle déterminant dans l’approche Laboritienne, avec Walters, Ashby, de Latil, Ducrop, Couffignal et Sauvan il est partie prenante dans l’émergence de la pensée cybernétique et dans son application en biologie : considérant l’organisme comme un ensemble de niveaux d’organisation différents ayant chacun leur autonomie et qui s’autorégulent sur le modèle cybernétique. L’ensemble de l’organisme est constitué de sous-ensembles organisés de manière hiérarchisée, chaque niveau étant englobé par le niveau supérieur. Ces notions, qui deviennent une véritable méthode de pensée se développent au fur et à mesure des ouvrages de vulgarisation que Laborit publie. Ceux-ci débutent avec les Destins de la vie et de l’homme écrit avec Pierre Morand (1959), s’affinent dans du soleil à l’homme (1963) et culminent en quelque-sorte dans Biologie et structure (1968). Biologie et structure a un impact considérable sur le public et suscite également les réactions du milieu scientifique français. Tandis que les étudiants envahissent le CNRS et les universités pendant les évènements de mai, Laborit est invité à Vincennes à dispenser un enseignement d’urbanisme dont on retrouve l’essentiel des idées dans L‘homme et la ville que Laborit publie en 1971. Si la recherche ne lui offre pas une reconnaissance institutionnelle, celle-ci lui vient de la vulgarisation. A partir de 1970, Laborit publie dix ouvrages grands-publics et participe de plus en plus à des évènements médiatiques, dont l’apogée est sans doute sa participation et ses apparitions dans le film de Resnais, Mon Oncle d’Amérique, qui entraîne un effet de presse impressionnant. La publication de Biologie et structure l’entraînera également à la formation du Groupe des dix. Á l’initiative de Buron, ancien ministre de Gaulle, des réunions interdisciplinaires se mettent en place autour de G. Rosenthal avocat, J. Baillet, médecin et conseiller de la firme MIDY, Bissel, informaticien, Edgar Morin, Henri Atlan, Michel Rocard, Jacques Attali et J. De Rosnay ; abordant des thèmes comme la croissance économique, la notion de programme génétique, de révolution informationnelle, théorie de l’information, la cybernétique etc.

Conclusion : L’autonomie pour faire face à la « dominance »

Le laboratoire de Laborit connaît des périodes de difficultés qui illustrent celles qu’il rencontre vis-à-vis de la communauté scientifique française. Contraint d’appliquer le plus rapidement possible ses théories pour créer des molécules dont les brevets financent ses activités et ses collaborateurs, il dépose un brevet pour le GAMA-OH qui ne trouve pas de débouchés immédiats. Ce qui a fait la force du Largactil : son domaine d’action étendu, devient un handicap à mesure que la recherche se rationalise, toutes les molécules mises au point au CEPEBEPE souffrant de cette caractéristique d’un domaine étendu d’application. Le laboratoire peut maintenir ses activités grâce au brevet déjà ancien des aspartates jusqu’à ce que le Cantor le sauve dans un premier temps. Si la molécule permet au laboratoire de survivre, Laborit se heurte sans cesse à des refus de financement du CNRS et de L’INSERM lorsqu’il sollicite ces institutions publiques pour l’achat de matériel. Chaque fois, ce sont d’autres équipes qui se voient financées pour des recherches pourtant initiées à Boucicaut. Un an avant sa mort, Laborit confie la direction du laboratoire à son fils. La même année, l’AMM est retiré au Cantor, Jacques Laborit est contraint de liquider le laboratoire l’année suivante, en 1996.
Ce qui est frappant dans cette trajectoire à la fois scientifique et vulgarisatrice de Laborit, c’est leur interaction autour de la notion d’agression en général, interaction qui devient intrication à mesure que se développent ses théories bio-sociologiques. Dans ses théories qui pensent d’une manière englobante de la cellule au comportement social, les rapports de « dominance », Laborit trouve auprès du public une reconnaissance qui lui fait défaut, en France du moins, de la part de la communauté scientifique. Ce rejet dont il souffre, au point de développer une sorte de paranoïa sensible dans son autobiographie , détermine selon nous, cette prise d’indépendance « forcée » et la création d’un outil de recherche indépendant, de même que le thème de sa recherche fondamentale et de ses théories bio-sociologiques autour de la compréhension de l’agression et de la dominance, que celle-ci soit physiologique ou sociale.

samedi 8 décembre 2007

Annonce de colloque

Graphein organise le colloque "Actualité d'Henri Laborit (1914-1995)"

Faculté de médecine de Créteil les 7 et 8 avril prochains

Rédaction du programme/Organisation logistique/Coordination des actes

Ouvert au public

- "Actualité d’Henri Laborit (1914-1995)"

L’objectif de ces journées est d’offrir une tribune à ceux qui (chercheurs, scientifiques, doctorants, cinéastes, biographes, anciens collaborateurs), perpétuent les travaux et les méthodes d’Henri Laborit (1914-1995), afin d’en dresser une cartographie actuelle. L’œuvre d’Henri Laborit est très largement méconnue dans sa dimension scientifique. Il est connu du grand-public pour ses ouvrages de vulgarisation essentiellement (Eloge de la fuite, Biologie et structure, La nouvelle grille, etc.) et sa participation au film d’Alain Resnais (Mon Oncle d’Amérique en 1981).
Cependant, ce savant iconoclaste, chirurgien de la Navale, a ouvert des champs de découvertes dans des domaines extrêmement diversifiés (physiologie, psychiatrie, anesthésie-réanimation, neurophysiologie, urbanisme, pédagogie, etc.). En partant, à la fin de la seconde Guerre Mondiale, de l’étude des blessés choqués (maladie postopératoire et choc traumatique), il remet en cause une physiologie du milieu intérieur héritée de Claude Bernard, et s’engage dans une étude des phénomènes d’agression qui le conduiront à révolutionner l’anesthésie puis la psychiatrie. Mettant au point les techniques d’anesthésie potentialisée, l’anesthésie sans anesthésique et l’hibernation artificielle qui permit entre autre, les premières opérations à cœur ouvert, il s’engage avec Pierre Huguenard dans la mise au point de cocktails lytiques dont les éléments de base sont des antihistaminiques mis au point par Rhône-Poulenc. L’utilisation de ces cocktails pour prévenir la maladie postopératoire, l’amène à observer un état de « désintéressement » des patients avant l’opération chirurgicale, qui le conduit à la découverte des qualités centrales du 4560 RP, le Largactil, le premier médicament neuroleptique. Cette découverte majeure, qui lui vaudra le prix Albert Lasker en 1957, entraînera Laborit dans une rupture avec les autorités scientifiques, le plaçant en marge tant du point de vue des sujets qu’il étudie, que de celui de la structure économique et juridique du laboratoire qu’il dirige à Boucicaut de 1958 jusqu’à sa mort en 1995.

En quoi les techniques, découvertes, médicaments et méthodes heuristiques qu’il met en place seul ou en collaboration avec des chercheurs pluridisciplinaires, trouvent un écho dans les recherches actuelles ? Le « modèle » de son laboratoire nous offre-t-il un point de comparaison avec la manière dont les pouvoirs-publics envisagent l’innovation thérapeutique actuelle ? Une approche laboritienne de la connaissance, c’est-à-dire largement pluridisciplinaire, est-elle envisageable aujourd’hui ? Telles sont quelques-unes des questions qui seront abordées dans ces journées ouvertes au public.
contact@graphein.fr 06.62.81.99.95

lundi 5 novembre 2007

Si vous souhaitez en savoir plus sur le premier médicament de la folie : le Largactil, fondateur de la psychiatrie moderne, vous pouvez consulter mon article sur agoravox. "Le premier médicament neuroleptique: libération du fou ou démission sociétale".
http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=30131

Rédacteur Agoravox

dimanche 4 novembre 2007

Trouver les mots justes.

Cerner vos vrais besoins en communication écrite. Créer une ligne éditoriale adaptée à vos cibles (spécialistes ou néophytes) et à leurs sensibilités.

Hiérarchiser, harmoniser et adapter les contenus aux supports éditoriaux les plus cohérents (ouvrages de référence, livres blancs, gestion des connaissances, sites web) pour atteindre vos objectifs, c’est le rôle du conseil éditorial tel que je le conçois.

Construire des voies d’accès à des sources d’informations multiples, en créant des liens entre des domaines et des contextes différents, c’est une compétence clé pour placer la pertinence au cœur de votre système d’information.

Vous accompagner pas à pas, formaliser avec vous étape par étape les contenus rédactionnels, en vous offrant une visibilité constante sur le planning de livraison, c’est ma conception de l’organisation.

Faire de vos contenus éditoriaux un véritable outil de positionnement vis-à-vis de vos clients et collaborateurs, des pouvoirs publics ou de votre stratégie de développement, c’est envisager l’écrit comme une véritable valeur ajoutée.

Nous sommes dans une société de l’information :
donnez du sens à vos écrits !